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Le 57ème Régiment d'Infanterie en 1914
10 février 2007

Quelques documents militaires de mon grand-père

Quelques documents militaires de mon grand-père maternel décédé en 1949. J'avais trois ans et je ne l'ai donc pas entendu parler de ses souvenirs du 49ème R.I. comme ce fut le cas pour le 57ème de Raymond. Je ne sais pas dans quelle compagnie il était en 1915 et la suite, autant dire que faire un blog dans le style "sur les traces de" est inutile et ne pourrait-être qu'une copie de l'historique ou du JMO visible ICI

Pierre Mora

Incorporé au 49ème R.I. le 2 septembre 1914 à Bayonne. 5 mois d'instruction, puis arrivée au front le 2 février 1915. Même régiment durant toute la guerre. Passé à la 4ème section de C.O.A. (Commis et Ouvriers d'Administration du 4ème C.A.) le 2 janvier 1919 puis à la 6ème section le 20 février. Ce document a été rédigé par le "Centre d'abats" de Rethel (40 km nord-est de Reims) le 24 août 1919, où Pierre excerçait la fonction de boucher (métier appris avant 1914). A rejoint le Dépôt Divisionnaire de Bordeaux le 2 septembre 1919 (5 ans jour pour jour après son incorporation), puis retour à la vie civile.

EtatMora1

EtatMora2

Le texte de la citation (encre violette qui a vieilli) n'est pas visible sur cette reproduction du document

Ordre N°46
Citation à l'ordre du commandement de l'I.D.36
Le colonel commandant l'infanterie de la 36ème division cite à l'ordre de l'I.D.36
MORA Pierre, soldat à la 10ème Cie du 49ème R.I. matricule 1651

"Agent de liaison très dévoué et très courageux. Les 3 mai et 4 juin 1917, a fait l'admiration de ses camarades par son calme, son sang-froid et son courage, portant à plusieurs reprises les renseignements sous des bombardements intenses."

Aux Armées, le 30 juillet 1917
Le colonel Pinoteau, commandant l'infanterie de la 36ème division

CitMora

 

 

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9 février 2007

Sur cet extrait du registre matricule, tout comme

Sur cet extrait du registre matricule, tout comme dans le livret militaire à suivre, sa citation est "à l'ordre de l'armée". Erreur, le document étant "à l'ordre du 18ème corps d'armée". Voir la citation.

Extrait_matricule

Fait prisonnier le 3 juin 1918 sans son sac resté en arrière pour l'attaque (Qu'est-il advenu de ce sac ?). Ces pages sont extraites d'un duplicata de son livret militaire qui lui a été délivré à son retour. Seules celles qui comportent des mentions ont été reproduites.

R

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4 février 2007

- Du 15 au 21 décembre -Sujet en cours de

- Du 15 au 21 décembre -

Sujet en cours de corrections et mises à jour

A sortie nord-ouest de Beaulne se trouve le chemin creux. Les luttes pour ce sentier qui vont s’y dérouler quelques jours sont révélatrices de l’acharnement des deux camps à grappiller le moindre bout de terrain. Les allemands creusent un boyau d’approche jusqu’à 30 m du premier poste français constitué d’un barrage de sacs à terre et de gabions. Le 15 dans l’après midi, c’est l’attaque surprise du barrage tenu par des soldats de la 11ème Cie. Le groupe ennemi, une vingtaine d’hommes, est repoussé par une fusillade qui en tue deux et en blessent quelques autres. Enhardis par le succès, les français poursuivent, sont mitraillés à leur tour, et doivent se replier avec quatre blessés.
Le 18 ce poste avancé est conquis et ses quatre défenseurs sont faits prisonniers. Un peu plus loin le deuxième barrage occupé par une demi section résiste non sans mal et réussi à repousser les assaillants.
Le 19, contre attaque française : Assaut mené par trois sections qui reprend le premier poste perdu la veille, et dans la foulée enlève le poste allemand 30 mètres plus loin faisant 7 prisonniers.
Le 20 dans la matinée, les allemands reviennent et récupèrent leur poste avancé. Le soir la 3ème Cie attaque à nouveau pour le reprendre mais doit reculer. Le commandant du régiment met fin à ces actions stériles en ce point.
Pendant ce temps, le père Noël prépare sa hotte pour le 24...

- 24 décembre -

Le sergent Henri ROBERT, du 123ème RI, a laissé 200 lettres écrites entre le 3 août 1914 et le 28 avril 1918… Il a été tué le 30. Ces lettres ont été publiées sous le titre Impressions de guerre d’un soldat chrétien, librairie Fischbacher, 1920. Il était avant la guerre pasteur auxiliaire de Pons (Charente Maritime).
Nous commencerons ce joyeux Noël par ce qu’il écrivait 11 jours plus tard. Bien entendu, Robert ne se trouvait pas sur les lieux, étant dans un secteur à gauche de celui du 57ème, et nous voyons là un exemple typique des difficultés à cerner la vérité, les détails si importants pour l’analyse, si l'on ne s'en tient qu'aux témoignages. Homme honnête, Robert n’a fait que rapporter et interpréter ce qu’il a entendu dire, d’abord avec une teinte d’humour moqueur, puis avec une compassion sincère pour les camarades morts.

"Moussy, 4 janvier 1915.
Ces jours derniers, il y a eu dans nos parages, de violentes disputes avec les voisins d’en face. Le 57ème s’était lancé dans une aventure où il n’a malheureusement récolté que plaies et bosses. S’avisant qu’une tranchée boche semblait être abandonnée, nos bons bordelais s’imaginèrent pouvoir cueillir des lauriers faciles en allant l’occuper. Tout allait à merveille; ils travaillaient déjà à en consolider les parois, quand une mitrailleuse allemande bien placée, les inonda d’une grêle de balles. Il leur fallut abandonner précipitamment leur nouvelle conquête et revenir en arrière, opération très malaisée, où ils perdirent environ 80 hommes.
Notre canon a bien essayé de détruire cette tranchée boche; mais là bas, sur le talus, on peut apercevoir des pantalons rouges et des capotes bleues. Personne n’ira enterrer ces pauvres camarades."   

Raymond La Chance et la 7e Cie n'ont pas été plus impliqués dans cette affaire que Robert et le 123ème, mais il m'a paru intéressant de terminer cette année 14 par un exemple parfait de la stupidité de certains décideurs, de leur ambition, de leur désir de prouver qu'ils ont été entreprenants, exécutants zélés des directives du général en chef Joffre, l'âne qui commandait des lions. (Partout, de la Suisse à la mer du Nord de telles initiatives locales vont faire des dizaines de milliers de morts pour rien, mais la pire année reste à venir, 1915, non pour le 57ème mais pour de nombreux autres régiments engagés dans des batailles sans résultats déterminants, avec des pertes énormes. Interpelé, l'âne ne trouvera rien de mieux que de répondre "je les grignote"...).
Si l'on peut comprendre des sacrifices afin de conquérir une position stratégique d'importance, il est permi de douter de l'intérêt de cette attaque sur la tranchée à claies, c'est son nom.

Voici un croquis du secteur de Beaulne (utiliser le zoom), avec mention de la présence de la 7e Cie. Itinéraires de patrouilles et renseignements recueillis, travaux effectués durant les 4 jours en ligne. Ce document n’est malheureusement pas daté mais on peut penser à fin 1914. En effet, le réseau des tranchées est des plus réduits, nous en sommes aux débuts des travaux. La tranchée allemande reconnue par la patrouille de la 7e Cie est sans nul doute la tranchée à claies.

Entre le livre de Couraud et le rapport du général Bonnier, commandant la 35ème DI, nous tenterons d'y voir clair, ou pour le moins d'apporter des informations au pasteur Robert, à titre posthume... Le général Marjoulet, commandant le 18ème CA, en rajoutera une louche. Un grand moment que la lecture de ce rapport. Dans le registre "ouverture de parapluie", on ne peut faire mieux. C'est que les pertes ont été sévères pour les 144 et 57ème, alors il faut bien rendre compte en haut lieu, surtout démontrer l'intérêt de l'attaque et puisque ce fut un échec, citer des coupables. Mais Couraud présente une version des faits quelque peu différente...

Voici donc deux photo-montages, le rapport de Bonnier, et des pages extraites du livre de Couraud. J'ai souligné en rouge quelques lignes qui sont à comparer entre les deux textes... (Utiliser le zoom). Au début du rapport de Bonnier, on notera le cadeau de Noël préparé pour les casques à pointe par leur commandant... Quelle époque !... Quel cadeau ! Un cadeau certes pour le colonel qui n'aurait pas risqué sa peau dans cette attaque et en aurait tiré des lauriers en cas de succès, ou en cas d'échec aurait emballé l'affaire avec un rapport en bonne et due forme, comme celui de Bonnier. Une pensée personnelle à traduire en allemand: Mon colon est trop bon, mon colon est un père pour nous !

Le bilan... Bonnier cite des chiffres concernant bien entendu les deux régiments. "92 dans les tranchées allemandes" (occupation des lieux par éléments des 144 et 57 puis arrosage par les mitrailleuses de Chivy),  "111 en avant de nos lignes dont 1 officier" (contre-attaque du 57 ayant "manqué de mordant". L'officier est le sous-lieutenant Eyt-Salanave, voir plus loin les disparus du journal Sur Le Vif). Couraud: "Parmi eux plus d'une centaine dort de son dernier sommeil sur le glacis de chivy par cette belle nuit de Noël".

"Personne n'ira enterrer ces pauvres camarades"

Si l’on recoupe les informations de Bonnier et celles de Couraud on voit effectivement que les compagnies engagées du 57 (1ère 3ème 9ème) ont eu une centaine de tués.
Sur le site MDH visionné complètement fiche après fiche, on relève 52 tués le 24 décembre pour le 57. Quelques uns sont morts des suites de leurs blessures (voir tableau plus bas) mais nous sommes loin de "plus d’une centaine". Et cet épisode en dit long sur le nombre précis de morts dans cette guerre. Certes, on sait que les fiches MDH ne sont pas la totalité; il en manque des dizaines de milliers dont peut-être la cinquantaine des absents de ce joyeux Noël

- Du 25 au 31 décembre -

Le 28, un minen tombe sur la section de mitrailleuses du sous-lieutenant Sempé.
3 tués, 4 blessés, 1 pièce détruite, l'autre ensevelie. A cette époque, chaque bataillon ne dispose que d'une section de mitrailleuses (2 pièces servies chacune par 3 ou 4 hommes) et il est curieux de constater qu'elles étaient placées si près l'une de l'autre qu'un seul coup au but pouvait les détruire. J'ignore pour l'instant la raison de cette disposition déjà remarquée sur le plan que l'on a pu voir plus haut (le croquis du secteur de Beaulne).

Le tableau des morts en 1914 dans le secteur de Verneuil: En l’absence d’états nominatifs, le classement par compagnie n’a pas été possible, et les dates tout comme les nombres sont le report des fiches MDH classées. Ces états ont surement existé mais ont disparu des archives. Ou peut-être ont-ils été placés par mégarde dans un carton concernant un autre régiment...

Voici les dernières annonces des familles inquiètes...Elles concernent deux victimes du père Noël, et sont par leur contenu aux extrêmes de tout, réunies ici, comme un symbole, par le plus grand des hasards si l'on songe que sur plus de 1000 tués ou morts des suites de leurs blessures en 1914, 30 ont fait l'objet d'annonces dans Sur Le Vif. Tout les séparait et de loin, y compris les dates de parution dans le journal... A gauche le sous-lieutenant Eyt-Salanave, un bordelais de 32 ans. A droite le soldat Schmitt, un Nancéen de 20 ans. Chivy, Verneuil, lire "Beaulne"; le 24 décembre, c'est la "tranchées à claies", entre Beaulne et Chivy, dans "le secteur de Verneuil". J'ai corrigé la date sur la fiche d'Eyt-Salanave, l'année avait déjà été remplacée mais à tort par 1915. Le girondin et le lorrain se retrouvent donc ici côte à côte, eux et eux seuls, terminant la série des annonces. Pour en ajouter à ce hasard (vu la rareté des annonces), soulignons qu'en 1914, les régiments étaient composés principalement de "régionaux" et que seulement deux lorrains figurent parmi les morts de cette année: Le commandant Lionnet, chef de bataillon, tué le 16 septembre à La Ville-aux-Bois... Et le soldat de 2ème classe Schmitt, né et domicilié à Nancy...

La Gazette des Ardennes: Un hebdomadaire édité en zone occupée et donc sous contrôle allemand bien entendu. Le premier numéro du 1er novembre 1914, avec engagement d'objectivité... Quoiqu'il en soit, ces documents sont une mine d'informations (à recouper avec d'autres) pour télécharger la totale c'est ICI.
A partir du 2 avril 1915, La Gazette publie les listes des prisonniers en Allemagne. Des retards certes entre informations et publications, ce qui fait sans doute que jusqu'au dernier numéro du 8 novembre 1918, je n'ai pas vu Raymond dans le journal, fait prisonnier le 3 juin 1918. Puis viennent des listes de blessés rapatriés (les définitivement inaptes à la guerre, amputés, etc) mais aussi à partir du 24 mai 1916 les listes des tombes répertoriées en arrière du front allemand. On enterrait partout, dans le cimetière du village vite plein, dans le jardin du curé, à la sortie du village, partout. Mais pas toujours avec les renseignements complets, d'où beaucoup d'inconnus, de fosses communes, et aussi bien entendu d'erreurs de transcriptions par les autorités allemandes ou d'imprimerie de la part du journal. Un exemple parmi d'autres, extrait de la Gazette du 5 mai 1917. Un fichier word avec commentaires à voir ICI.

Nous retrouverons Raymond et ses camarades dans un autre blog, autre travail...

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